Qui doute encore que Le Monde est le journal de l’oligarchie ? Si c’est votre cas, voyez cet épisode croustillant : Le Monde s’est autocensuré pour plaire aux puissants de ce monde. En cause : une interview de l’oligarque Donald Tusk, président du Conseil européen, qui a provoqué l’indignation légitime de toutes celles et ceux qui ont pu la lire… avant qu’elle n’ait été modifiée. Jugez plutôt.
Voici ce qu’on peut lire aujourd’hui sur le site du Monde. Je vous mets cela d’abord pour que vous puissiez voir combien le passage initial (que je mets plus en-dessous) a été édulcoré :
L’aspect géopolitique est-il entré en ligne de compte dans les discussions, dimanche ?
La partie principale de la négociation a porté sur le troisième plan d’aide à la Grèce. Mais il est vrai que les conséquences à moyen et à long terme d’un « Grexit » sont à la fois politiques et géopolitiques. Je suis moins inquiet de la contagion économique car je suis quasi sûr qu’il n’y en aurait pas. Ce n’est pas de la propagande quand Mario Draghi [président de la BCE] dit que la zone euro est plus solide aujourd’hui. Je suis surtout inquiet des risques de contagion politique et idéologique. Parfois, il me semble que certains politiciens et quelques intellectuels en Europe sont prêts à remettre tout en question en Europe, les traités, mais aussi la façon traditionnelle de penser l’Europe, la construction européenne et nos valeurs. La Russie n’est pas l’élément le plus important de cette menace. A mon avis, l’atmosphère aujourd’hui est très similaire à 1968 en Europe. Je sens un état d’esprit, peut-être pas révolutionnaire mais d’impatience. Mais quand l’impatience devient un sentiment collectif, elle peut conduire à une révolution. Le chômage massif des jeunes est peut-être la raison la plus claire et visible. La région des Balkans était une zone sensible et cruciale pour la sécurité européenne et la géopolitique. Aujourd’hui cette région est instable à nouveau. Pas seulement du fait de la Grèce et de son problème économique. Chaque partie des Balkans, la Macédoine, le Kosovo… est une source d’instabilité.
Et voici maintenant ce qu’on pouvait lire avant les modifications. Je souligne les passages que Le Monde a autocensuré :
L’aspect géopolitique est-il entré en ligne de compte dans les discussions, dimanche ?
La partie principale de la négociation a porté sur le troisième plan d’aide à la Grèce. Mais il est vrai que les conséquences à moyen et à long terme d’un « Grexit » sont à la fois politiques et géopolitiques. Je suis moins inquiet de la contagion économique car je suis quasi sûr qu’il n’y en aurait pas. Ce n’est pas de la propagande quand Mario Draghi [président de la BCE] dit que la zone euro est plus solide aujourd’hui. Je suis surtout inquiet des risques de contagion politique et idéologique. Avec ce qui se passe en Grèce est apparue l’illusion idéologique qu’il est désormais possible de changer le cours de l’Europe, qu’on peut construire une alternative à la vision traditionnelle de l’Europe de l’austérité. Je trouve l’atmosphère très similaire à celle de l’après 1968. Je sens un état d’esprit, peut-être pas révolutionnaire, mais un sentiment d’impatience en Europe. Le risque géopolitique est aussi réel, quand on voit l’environnement de l’Europe, avec la Russie, le problème des migrants, le terrorisme… Sans parler des Balkans, une zone sensible et cruciale pour la sécurité européenne.

La version actuelle n’a quasiment plus rien à voir avec la version initiale. « L’impatience » a maintenant une cause : le chômage. La Russie est passée de la position de « risque géopolique » mis au même plan que « le problème des migrants, le terrorisme » à celui de « pas l’élément le plus important de [la menace géopolitique] ». La phrase très importante sur « changer le cours de l’Europe » et sortir de « l’Europe de l’austérité » a disparu. Bref : la censure complaisante du Monde est passée par là pour édulcorer une interview qui a fort justement provoqué une grande indignation.
Qu’évoque Le Monde pour expliquer ça ? Un argument bidon de mise en page de l’édition papier :
Mise à jour : une première version de cet entretien a été publiée jeudi 16 juillet. Le texte a été réédité et mis à jour vendredi 17 juillet pour les besoins de l’édition du Monde daté du 18 juillet.
Le plus probable est que Le Monde ait reçu un appel lui demandant de modifier le texte et qu’il l’ait fait. Voilà la conception qu’a ce journal de la fameuse « indépendance journalistique » dont il se revendique. Une « indépendance » qui ne vaut à l’évidence qu’à l’égard du peuple et derrière laquelle se cache le journal dès que la moindre critique lui est portée. En revanche, dès que les puissants de ce monde passent des coups de fil, disparaît totalement l’« indépendance » et apparaît la réalité : Le Monde est un journal au service de l’oligarchie. Ou, plus exactement, il est une composante de l’oligarchie : son de service propagande.
Claro que « Le Monde » faz parte da oligarquia que governa a França. A razao é simples : Entre a direita tradicional de Sarkozy, e o partido socialista, nao existem diferenças fundamentais.Os dois gerem o capitalismo da mesma maneira. Com uma infima diferença: a direita assume estar ligada aos capitalistas, e a esquerda nega-o. Os interesses superiores da França obrigam a este jogo alternativo que se chama a democracia. Senao nao podia fazer parte do clube dos grandes.
En effet ce passage ne figure pas dans l’édition papier du Monde du 18 juillet que j’ai sous les yeux.
Le seul « Monde » qu’il faut lire est « Diplomatique ».
DONALD TUSK CRAINDRAIT UNE CONTAGION…
… et il a bien raison !
Ce qu’il appelle du terme péjoratif, et choisi comme tel à dessein, de contagion, c’est l’alternative que proposent Tsipras, Podemos et Mélenchon à sa propre oligarchie, qui précipite l’Europe dans l’austérité et la misère des peuples, sous la houlette d’une férule teutonne Merkel-Schauble honteusement boutiquière et dominatrice.
Dans sa bouche, cette contagion est presque synonyme d’infection généralisée pendante. Ce terme désigne les conséquences néfastes, sur les fonctions vitales, des infections graves qui provoquent une mortalité très élevée, et cela, malgré les avancées de la médecine moderne. C’est ici l’hôpital qui se fiche de l’infirmerie ! Quelle infection menace en effet aujourd’hui et depuis cinq longues années les fonctions vitales de la Grèce ? Et menacera de la même manière l’Espagne demain, et sans doute la France après-demain ? Celle prodiguée par le médecin Tsipras, ou celle prescrite par Donald Tusk et consorts… Consorts qu’on sort par les urnes dans peu de temps. Avec fracas, et, hélas, pertes…
Et si c’était bêtement une demande de précision ou de ré-écriture de la part de l’interviewé lui-même ? C’est une demande courante dans le métier.
je suppose que Le Monde va encore se plaindre de perdre des lecteurs…mort de rire!
L’important, pour porter un jugement définitif (et soyons en reconnaissants à monsieur Léaument) n’est-il pas que chacun a pu prendre connaissance des deux versions ?